Cardiologie

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Auteur
AuteurNabil Bouali – DES MĂ©decine Cardiovasculaire CHU Poitiers
Date
Date1 juin 2022
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PACIFIC-AF : la course au AOD ne semble pas prĂȘte de s’arrĂȘter. Les AOD ont rĂ©volutionnĂ© les anticoagulants, supplantant les AVK, mais leurs risques hĂ©morragiques soulignent le besoin de recherches pour de nouvelles alternatives.

Contexte

Les AOD ont constituĂ© une vĂ©ritable rĂ©volution lors la derniĂšre dĂ©cennie en ce qui concerne les traitements anticoagulants, et ses indications se sont rĂ©pandues largement au cours de la derniĂšre dĂ©cennie, tant et si bien que les AVK sont de moins en moins utilisĂ©s. Leur mode d’action passe par l’inhibition du facteur anti-X (Apixaban, Rivaroxaban) ou anti-II (dabigatran). Dans la fibrillation atriale, les AOD sont devenu le traitement de rĂ©fĂ©rence. Mais si leur supĂ©rioritĂ© sur les AVK est clairement Ă©tablie, ces mĂ©dicaments sont aussi Ă  l’origine de nombreuses complications hĂ©morragiques et leur utilisation peut ĂȘtre limitĂ© chez les patients Ă  haut risque hĂ©morragique en raison justement de ce surcroĂźt de risque hĂ©morragique. Ainsi les limites de cette classe thĂ©rapeutique doivent motiver Ă  pousser la recherche pour accroitre l’arsenal thĂ©rapeutique des anticoagulants. 

En l’absence d’anticoagulant, en cas de brĂšche de la paroi vasculaire, il se forme un caillot qui permet de d’obstruer la brĂšche, avec un risque de dĂ©veloppement d’un thrombus pathologique. Les AOD (Rivaroxaban, Apixaban) par leur mode d’action sur le facteur anti-Xa prĂ©viennent de maniĂšre efficace  la formation de ce thrombus pathologique mais rendent trĂšs difficile la formation d’un caillot obstructif d’une brĂšche de la paroi vasculaire. L’idĂ©e des anti-facteurs est d’agir en aval de la cascade de la coagulation en empĂȘchant la formation de thrombus par diminution de l’amplification de la prothrombine tout en prĂ©servant les possibilitĂ©s de rĂ©aliser un caillot d’hĂ©mostase en cas de brĂšche vasculaire. L’idĂ©e sous-tendu par ces mĂ©canismes est donc un moindre risque hĂ©morragique tout en conservant l’effet thĂ©rapeutique.  

Dans cette optique, l’asundexian a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© par la firme BAYER pour ĂȘtre un inhibiteur du facteur XI oral. Il s’agit d’une petite molĂ©cule se fixant sur le facteur XIa permettant une inhibition dose-dĂ©pendante dont la œ vie est de 14,2-17,4h permettant une prise par jour. Les Ă©tudes de phase 1 n’ont pas montrĂ© d’interaction avec le rĂ©gime alimentaire, le cytochrome CYP3A1, les modifications du pH et la co-prescription de Clopidogrel ni de diffĂ©rence de la pharmacocinĂ©tique selon l’ñge ou le sexe. Son Ă©limination rĂ©nale est de l’ordre de 15%. En outre, la tolĂ©rance a Ă©tĂ© excellente dans les Ă©tudes de phase 1. 

L’objectif de PACIFIC-AF est d’évaluer l’asundexian dans une Ă©tude de de phase 2.  

Méthodologie

En rĂ©alitĂ©, l’étude PACIFIC-AF s’intĂšgre dans un programme d’étude de phase 2 qui comprend  

  • PACIFIC-AF : Evaluation de l’asundexian dans la fibrillation atriale  
  • 750 patients randomisĂ©s  
  • RĂ©sultats prĂ©sentĂ©s Ă  l’ACC 200  
  • PACIFIC-Stroke: Evaluation de l’asundexian dans l’AVC ischĂ©mique non cardio-embolique   
  • 1800 patients randomisĂ©s  
  • RĂ©sultats prĂ©vus l’an prochain  
  • PACIFIC-AMI  
  • 1600 patients randomisĂ©s  
  • RĂ©sultats prĂ©vus l’an prochain  

L’un des objectifs essentiels de ces Ă©tudes de phase 2 est la dĂ©termination de la dose optimale.

L’étude PACIFIC-AF est donc une Ă©tude randomisĂ© de phase 2 en double aveugle et contrĂŽlĂ© par un des traitements de rĂ©fĂ©rence qu’est l’Apixaban,. Le recrutement multicentrique a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© dans  93 sites rĂ©partis dans 14 pays diffĂ©rents en Europe, en Asie ainsi qu’en AmĂ©rique du Nord.  

AprĂšs randomisation, ce sont 750  patients qui sont inclus soit dans le groupe asundexian Ă  dose de 20 mg (n=250) soit Ă  dose de 50 mg (n=250) soit dans le groupe contrĂŽle apixaban (n=250). Ils Ă©taient pendant 12 semaines de traitement avec une pĂ©riode supplĂ©mentaire d’observation pure de 2 semaines avant Ă©valuation du critĂšre de jugement.  

Le critĂšre de jugement principal Ă©tait la survenue de saignement cliniquement significatif majeur ou non majeur d’aprĂšs la classification ISTH. Les autres critĂšres exploratoires comprenaient une Ă©valuation biologique par la quantification biologique de l’inhibition du facteur XI, et clinique par l’évaluation d’une critĂšre composite ischĂ©mique recherchant la survenue d’un AVC, une embolie systĂ©mique, un IDM ou un dĂ©cĂšs cardiovasculaire.  

Les caractĂ©ristiques des patients Ă  baseline sont 41 % de femmes, un Ăąge moyen de 73 ans, un score CHA2DS2-VA2SC > 2 pour les hommes et 3 pour les femmes, et au moins un facteur de risque supplĂ©mentaire de dĂ©clarer un saignement. 30 % des patients avait une maladie rĂ©nale chronique et 45 % d’entre eux avaient dĂ©jĂ  pris des AOD.  

Résultats

Sur le critĂšre de jugement principal de sĂ©curitĂ©, il n’a pas retrouvĂ© de saignement majeur d’aprĂšs la classification de l’ISTH dans le bras traitĂ© et 3 patients sur 250 dans le groupe asundexian 20 mg, un patient sur 250 dans le groupe asundexian 50 mg et 6 patients dans le groupe  apixaban. L’analyse statistique montre une diminution de l’ordre de 50 % de la survenue de complications hĂ©morragiques  

Il y avait significativement moins de saignements dans le groupe asundexian comparativement au groupe apixaban d’environ 50 %, et ces rĂ©sultats concordent peu importe la classification utilisĂ© (TIMI, BARC).

Le critĂšre de jugement exploratoire biologique a retrouvĂ© que les 2 doses entrainĂ© un haut niveau d’inhibition du facteur XI compris entre 81 et 94 % 

Discussion

Les résultats sont prometteurs et montrent déjà des résultats spectaculaires sur le critÚre de sécurité en dépit du faible effectif et de diminution du risque hémorragique.  

Le taux d’évĂšnement hĂ©morragique a Ă©tĂ© infĂ©rieur Ă  celui prĂ©vu et de fait il est relativement faible avec des effectifs peu importants.  

Par ailleurs il est Ă  noter l’utilisation du traitement de rĂ©fĂ©rence par apixaban comme comparateur  

MalgrĂ© des rĂ©sultats trĂšs encourageants, cette Ă©tude ne permet pas et d’autres investigations restent nĂ©cessaires. La phase de recherche suit son cours et les rĂ©sultats des autres Ă©tudes du programme PACIFIC restent trĂšs attendues, afin de mieux comprendre les modalitĂ©s d’utilisation et la dose intĂ©ressante avant de pouvoir commencer les Ă©tudes de phase 3 en large effectif.  

Conclusion

L’asundexian a montrĂ© une diminution du risque hĂ©morragique chez des patients avec indication Ă  une anticoagulation pour de la fibrillation atriale en faible effectif sur une Ă©tude de phase 2 comparativement au traitement par apixaban.  

Cette étude semble trÚs prometteuse mais doit faire attendre les études de phase 3.

Article rĂ©alisĂ© par Nabil Bouali – DES MĂ©decine Cardiovasculaire CHU Poitiers

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