Régime végétarien et grossesse : mini revue de littérature

Le régime végétarien pendant la grossesse : une mini revue de littérature suggère que, bien que des avis professionnels soient recommandés, il peut être considéré comme sans risque selon les recommandations diététiques américaines et allemandes.

Les recommandations diététiques américaines de 2015 ont listé le régime végétarien « sain » comme l’un des 3 modèles de régimes recommandés [1]. Les allemands avancent qu’un régime végétarien équilibré avec consommation de lait, produits laitiers et d’œufs, peut en effet en principe couvrir la plupart des besoins en nutriments, y compris pendant la grossesse- tout en spécifiant qu’un avis professionnel spécifique reste recommandé [2].

Globalement, même si les essais randomisés et les preuves fortes manquent, le régime végétarien semble pouvoir être considéré comme sans risque pour la grossesse [3]. 

Issues de grossesse 

Une cohorte américaine prospective multicentrique regroupant 1948 grossesses à bas risque, dont 32 patientes complètement végétariennes, retrouvait une augmentation du risque de petits poids pour l’âge gestationnel chez ces dernières [odds ratio ajusté (ORadj) = 2.51, intervalle de confiance 95%: 1.01, 6.21], mais pas d’augmentation du risqué de petit pour l’âge gestationnel avec morbidité post natale [4].   

Dans une étude cas-témoins avec 172 patientes pré éclamptiques et 339 normotendues, les auteurs ont conclu que les aliments qui pouvaient diminuer le risqué de prééclampsie étaient les fruits, les légumes, les céréales, le pain complet et les produits laitiers pauvres en gras pour leur concentration élevée en fibres, calicum et potassium [5].  

Régime végétarien : quelles différences ? 

Un régime vegan bien “calculé” satisfait les besoins en fer. Le fer du régime vegan est “non héminique”, avec une plus faible biodisponibilité que les formes héminiques des sources animales (respectivement 1–34% et 15–35%). Pendant la grossesse, une consommation quotidienne d’aliments riches en fer est donc recommandée : soja, haricots, grains, noix, légumes verts, ainsi qu’une association à la vitamine C  [6]. 

Une méta-analyse néozélandaise a conclu que l’apport en zinc des végétariens était plus bas que chez les omnivores, mais aucun des groupes de l’étude n’atteignait l’apport recommandé. Davantage de recherches sont nécessaires pour déterminer si les adaptations métaboliques physiologiques pour le zinc sont suffisantes pour satisfaire les besoins maternels et fœtaux en cet élément, en cas de régime pauvre [7].  

Un apport équilibré d’acides omega 3 et 6 est important pour produire suffisamment d’acides docosahexaenoïque (DHA) et d’acide eicosapentaenoïque. Les végétariens et les vegans peuvent avoir plus de difficultés à atteindre un ratio optimal, puisqu’ils ont peu de source d’ ALA (oméga 3) ou de DHA dans leurs régimes, et qu’ils consomment typiquement beaucoup d’acide linoleïque (LA). De bonnes sources végétales d’oméga 3 sont les grains de lin, l’huile de grains de lin, les graines de chia et les noix. Les huiles de grains riches en oméga, trans fats (margarine), et huiles tropicales (noix de coco, palme), riches en acides gras saturés, devraient également être évitées pour maintenir ce ratio favorable à la conversion d’ALA en acides gras polyinsaturés.  

Une analyse australienne du microbiote intestinal de femmes en début de grossesse a retrouvé des différences entre les patients suivant un régime végétarien et les omnivores, avec des traits suggérant des altérations dans la fermentation (vers davantage d’acétate/butyrate), sans que l’on connaisse pour l’instant l’impact éventuel de ces modifications [8]. 

Références 

[1] Mozaffarian D, Ludwig DS. The 2015 US Dietary Guidelines: Lifting the Ban on Total Dietary Fat. JAMA 2015;313:2421–2. https://doi.org/10.1001/jama.2015.5941. 

[2] Koletzko B, Cremer M, Flothkötter M, Graf C, Hauner H, Hellmers C, et al. Diet and Lifestyle Before and During Pregnancy – Practical Recommendations of the Germany-wide Healthy Start – Young Family Network. Geburtshilfe Frauenheilkd 2018;78:1262–82. https://doi.org/10.1055/a-0713-1058. 

[3] Piccoli GB, Clari R, Vigotti FN, Leone F, Attini R, Cabiddu G, et al. Vegan-vegetarian diets in pregnancy: danger or panacea? A systematic narrative review. BJOG Int J Obstet Gynaecol 2015;122:623–33. https://doi.org/10.1111/1471-0528.13280. 

[4] Yisahak SF, Hinkle SN, Mumford SL, Li M, Andriessen VC, Grantz KL, et al. Vegetarian diets during pregnancy, and maternal and neonatal outcomes. Int J Epidemiol 2020;50:165–78. https://doi.org/10.1093/ije/dyaa200. 

[5] Frederick IO, Williams MA, Dashow E, Kestin M, Zhang C, Leisenring WM. Dietary fiber, potassium, magnesium and calcium in relation to the risk of preeclampsia. J Reprod Med 2005;50:332–44. 

[6] Baroni L, Goggi S, Battaglino R, Berveglieri M, Fasan I, Filippin D, et al. Vegan Nutrition for Mothers and Children: Practical Tools for Healthcare Providers. Nutrients 2018;11:E5. https://doi.org/10.3390/nu11010005. 

[7] Foster M, Herulah UN, Prasad A, Petocz P, Samman S. Zinc Status of Vegetarians during Pregnancy: A Systematic Review of Observational Studies and Meta-Analysis of Zinc Intake. Nutrients 2015;7:4512–25. https://doi.org/10.3390/nu7064512. 

[8] Barrett HL, Gomez-Arango LF, Wilkinson SA, McIntyre HD, Callaway LK, Morrison M, et al. A Vegetarian Diet Is a Major Determinant of Gut Microbiota Composition in Early Pregnancy. Nutrients 2018;10:890. https://doi.org/10.3390/nu10070890.