Hématologie

SFH 2023 : autres actualités

Auteur
AuteurDr Pierre-Edouard Debureaux
Date
Date15 juillet 2023
share
SFH 2023 : autres actualités

Retrouvez de nouveaux résultats présentés lors du congrès 2023 de la Société Française d’Hématologie sur un nouvel inhibiteur proximal du complément dans l’hémoglobinurie paroxystique nocturne par le Pr. Peffault de Latour, sur le syndrome d’hyperviscosité dans le myélome multiple par l’Hôpital Saint Louis à Paris et enfin sur le carboplatine dans le traitement de rattrapage des lymphomes non hodgkinien en rechute ou réfractaire par le Dr. Eloit Martin de Tours.

Les inhibiteurs proximaux du complément continuent leurs percées dans l’hémoglobinurie paroxystique nocturne (HPN)

Le Pr Peffault de Latour a présenté lors de la séance plénière les résultats d’une étude de phase III dans l’hémoglobinurie paroxystique nocturne (HPN) d’un nouvel inhibiteur proximal du complément ciblant le facteur B par voie orale, iptacopan. Le blocage terminal du complément via l’inhibiteur du C5 (Eculizumab) ne permet pas d’éliminer complétement l’hémolyse chronique de l’HPN. Il persiste une hémolyse extra-vasculaire par opsonisation du C3 qui pourrait être supprimée par le blocage plus proximal du système du complément comme par le blocage du facteur B. Ce traitement expérimental a été étudié sur une période de traitement de 24 semaines contre le traitement standard (Eculizumab/Ravulizumab) chez les patients ayant un taux d'hémoglobine inférieur à 10 g/dL malgré un traitement standard pris pendant au moins six mois. Parmi les 95 patients inclus, 62 ont été randomisés dans le bras iptacopan et 35 dans le bras standard. Les résultats montrent une augmentation significative de l'hémoglobine dans le bras iptacopan (c’est-à-dire une augmentation d’au moins 2 g/dL chez 60 des 62 patients du bras iptacopan contre aucun des patients du bras standard, p< 0,001), une réduction du besoin transfusionnel (indépendance transfusionnelle obtenue chez 60 des 62 patients du bras iptacopan contre 14 des 35 patients du bras standard, p< 0,001) et une amélioration de l’asthénie.

Traitement par iptacopan

La tolérance du traitement par iptacopan était bonne, sans nouveau signal de toxicité (pas de crise d’hémolyse brutale comme décrit dans l’inhibiteur du C3 ou de sur-risque infectieux/cancer déclaré sur cette courte période d’évaluation). L’iptacopan pourrait devenir une option de traitement en 2ème ligne chez les patients ayant une réponse insatisfaisante au traitement standard (60% des patients selon l’étude de vie réelle publiée par Debureaux et al. BMT 2022). Des études complémentaires sur l’utilisation au long cours et en 1ère ligne de l’iptacopan sont en cours. 

Myélome multiple visqueux : une entité de mauvais pronostique

Le syndrome d’hyperviscosité (SHV) est une complication rare au diagnostic du myélome multiple (MM). Il n’existe pas d’étude récente dans la littérature sur l’impact pronostique du SHV dans le MM (dernière dans les années 1970) et notamment depuis l’ère des nouvelles thérapeutiques. Une étude rétrospective a été menée à l’hôpital Saint Louis à Paris sur la période de 2011 à 2021 à partir de 39 patients présentant un nouveau diagnostic de MM. La présence d’un SHV au diagnostic était associée à un survie globale diminuée en comparant cette population à un groupe contrôle de MM (n=76 après appariement par le sexe, l’âge, l’année du diagnostic et la 1ère ligne de traitement) sans SHV (médiane de survie de 3,6 ans contre 7,7 ans, p=0,01). La présence d’un SHV était aussi associée à une plus forte masse tumorale. Le SHV est donc un facteur péjoratif sur la survie globale, et cela est indépendant des facteurs pronostiques usuels du MM (score ISS, R-ISS ou cytogénétique). Seuls 2 patients de cette cohorte (8%) ont pu être inclus dans un essai clinique alors que 66% étaient éligibles selon les critères des essais les plus récents (MIDAS/BENEFIT). Au total, le SHV altère le pronostic global des nouveaux diagnostics de MM avec notamment une surmortalité précoce des sujets âgés et un impact pronostique défavorable sur l’ensemble des patients.

Le carboplatine : le sel de platine à privilégier dans les lymphomes non hodgkinien (LNH)

Le Dr Eloit Martin de Tours a présenté son travail de thèse concernant la substitution du cisplatine (P) ou de l'oxaliplatine (Ox) par le carboplatine (C) dans le traitement de rattrapage des lymphomes non hodgkinien (LNH) en rechute ou réfractaire (RR). Cette étude rétrospective sur 24 centres du LYSA a inclus des patients traités par Rituximab, fortes doses d’aracytine (R-DHA) avec cisplatine (R-DHAP), carboplatine (R-DHAC) ou oxaliplatine (R-DHAOx) pour un LNH en RR entre 2006 et 2013. Les cohortes étaient comparables hormis pour l’âge (62 ans pour le groupe R-DHAOx contre 60 ans pour les autres groupes, p=0,01) et l’IPI (63% dans le groupe R-DHAP contre 50% pour les autres groupes, p=0,01). Pour la cohorte des LNH agressifs (n=409, 72% de lymphomes B diffus à grandes cellules et 28% de LNH indolents transformés), le R-DHAC permet l’obtention d’un taux de réponse complète supérieur à celui des protocoles R-DHAP/R-DHAOx (48% contre 35%, p=0,003). Ce bénéfice se retrouve aussi en survie sans progression (p=0,01) et en survie globale (p=0,004).

La toxicité extra-hématologique est moindre dans le groupe R-DHAC que dans les autres groupes. Par contre, il n’a pas été observé de différence pour la survie ou de toxicité pour les LNH indolents (n=182). En complément des données sur le risque de toxicité rénale du cisplatine et du sur-risque de syndrome d’obstruction sinusoïdale de la séquence oxaliplatine – autogreffe (Debureaux et al. BMT 2020), le carboplatine dans le R-DHAC semble être l’option à privilégier en 2ème ligne des LNH agressifs.

Article réalisé par le Dr Pierre-Edouard Debureaux, Interne en hématologie, Responsable Partenaires et ancien Président de l’Association des Internes en Hématologie (AIH).

Articles similaires
ASH 2023 : gestion des pics monoclonaux et complications associées
ASH 2023 : gestion des pics monoclonaux et complications associées
ASH 2023 : immunothérapies dans le myélome
ASH 2023 : immunothérapies dans le myélome
soins de support - ASH2023
ASH 2023 : avancées et perspectives sur les soins de support
EHA 2023
EHA 2023 – Actualités sur la thérapie cellulaire
EHA 2023 – Actualités sur le myélome
EHA 2023 – Actualités sur le myélome
EHA 2023 – Actualités diverses
EHA 2023 – Actualités diverses
Lymphomes - AIH
ASH 2022 – Lymphomes diffus à grandes cellules B
AML - AIH
ASH 2022 : Leucémies aigües myéloïdes (LAM)
SFH 2023 : actualités sur le myélome multiple
SFH 2023 : actualités sur le myélome multiple
SFH 2023 : les actualités sur le lymphome
SFH 2023 : les actualités sur le lymphome
AIH - ASH 2022
ASH 2022 – Résumé sur les traitements additionnels
ASH 2022 – Résumé sur le myélome
ASH 2022 – Résumé sur le myélome
Congrès EHA : résumé sur les soins de support
Congrès EHA : résumé sur les soins de support
Congrès EHA : résumé sur les traitements des leucémies
Congrès EHA : résumé sur les traitements des leucémies
Congrès EHA : résumé sur l’immunothérapie dans le lymphome B diffus à grandes cellules
Congrès EHA : résumé sur l’immunothérapie dans le lymphome B diffus à grandes cellules
SFH 2022 : lymphomes en rechute ou réfractaires
SFH 2022 : Lymphomes en rechute ou réfractaires
SFH 2022 : leucémie myéloïde chronique
SFH 2022 : leucémie myéloïde chronique